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Guillaume P. Reynaert, auteur de Brindille, l’apprenti gourmet

Nous profitons de son retour d’une mission de reconnaissance pour échanger avec notre nouvel explorateur des univers du Tesseract. Suivant la publication du premier tome de « Brindille, l’apprenti gourmet », nous interrogeons Guillaume P. Reynaert sur son œuvre et sur son parcours d’écrivain.

Guillaume, peux-tu nous donner quelques informations sur toi ou sur ton parcours ?

Il est difficile pour moi d’être concis sur mon chemin de vie tant les haltes et les détours ont été nombreux. Disons que je suis quelqu’un qui a besoin de créer. J’ai une curiosité dévorante qui me pousse à m’intéresser à tout ce qui peut nourrir ma bibliothèque intérieure. Je suis autant versé dans le cinéma et les jeux vidéo que la physique ou la philosophie. Cette curiosité m’a déjà amené à produire des choses dans beaucoup de domaines très différents : musique, podcasts, écriture, jeux vidéo, jeux de rôle, etc.

Mon moteur dans la vie, c’est la curiosité. Une curiosité bien nourrie, c’est une sensibilité sincère qui se développe.

Qu’est-ce qui t’a amené à parcourir des univers fantastiques et à vouloir les raconter ?

L’écriture, un peu comme la musique en ce qui me concerne, est un moyen d’expression. C’est un médium qui permet de créer des propositions d’idées, de pensées et d’émotions à destination d’une audience. C’est un intermédiaire habilement conçu et ouvragé pour connecter l’esprit de l’auteur à celui de ses lecteurs. Les genres de l’imaginaire m’intéressent en particulier car ils ouvrent des portes esthétiques nouvelles aux impacts forts en termes de surprise et d’émerveillement. Par ce prisme, on peut par exemple aborder des thématiques triviales, tout en leur donnant une dimension grandiose. À l’inverse, une notion profonde qui nous est chère peut être traduite de manière mystérieuse et pleine de retenue. L’inventivité dont on peut – et peut-être dont on doit – faire preuve pour transmettre des principes qu’on chérit en tant qu’auteur est jouissive durant le processus d’écriture.

D’où viennent les mystères et les intrigues de ton roman « Brindille, l’apprenti gourmet » ?

L’idée fondatrice de mon récit est venue d’un constat très simple : la nourriture est un ciment social. J’ai immédiatement eu le pressentiment que cette seule idée pouvait justifier l’existence d’un univers entier. La société moderne a de moins en moins de belles promesses pour l’avenir. Alors qu’il y a vingt ans, on vivait comme si les crises et les guerres étaient derrière nous, on prend violemment conscience que le monde ne reste jamais comme il l’est à un instant précis. L’humain est ainsi fait qu’il y aura, semble-t-il, toujours des gentils et des méchants. En écrivant Brindille, mon souhait est d’illustrer ce passage de l’innocence naïve à la réalité indéniable d’un monde où la violence existe. Loin de moi toutefois l’idée d’être fataliste, le gourmet est un symbole d’espoir. Une bonne table peut apaiser les esprits en colère et donner l’impulsion d’œuvrer pour la tolérance, le partage et le bien commun.

Quels ont été tes méthodes et rituels de travail durant le processus d’écriture ?

Avant même de coucher la moindre ligne, j’ai entamé la création d’une carte. Lorsqu’on imagine un monde, dans lequel on va donner vie à des personnages et à leurs péripéties, j’estime qu’il est primordial de pouvoir les suivre et les situer. J’ai donc placé le village de départ, Bois-Aveugle, puis quelques lieux-clés que j’avais en tête. À partir de là, de nouvelles idées viennent en s’interrogeant sur cet embryon de carte. Comment vivent les habitants d’un village forestier ? Qu’est-ce qu’on trouve entre deux hameaux ? Comment les voyageurs circulent-ils, et combien de temps leurs itinéraires leur demandent ?

À partir de cette idée du gourmet voyageur, j’ai eu envie de mettre à l’honneur le folklore français ou frontalier. Nous avons une richesse incroyable à notre disposition et préférons trop souvent reprendre les mêmes viviers mythologiques, désormais surreprésentés. Dans ce travail de recherche, j’ai pu construire les bases de mon bestiaire, des cultures de mon univers et de plusieurs personnages importants.

Et pour donner du corps et de la crédibilité à mon noyau dur, j’ai voyagé et interviewé plusieurs chefs étoilés dont j’ai fréquenté les tables. Ça a été une expérience déterminante qui a influencé beaucoup de choses dans mon histoire.

Une fois cette manie de la construction étanchée, j’ai pu éclaircir mon fil scénaristique, et entamer le processus d’écriture, qui a été rythmé par les échanges riches et précieux avec mes bêta-lecteurs.

Passons aux choses sérieuses et partons pour un voyage rapide dans l’Hyper-esprit de notre explorateur…

Ton mot favori : marmoréen.

Celui que tu détestes : disruptif, ou tout élément de langage qui a les qualités de la gangrène.

Ton livre préféré : Trous noirs et distorsions du temps de Kip Thorne, ou Fahrenheit 451 de Bradbury s’il faut nommer une fiction.

Celui que tu lis en ce moment : La horde du contrevent, de Damasio (oui, je suis en retard).

La qualité qui te parait primordiale pour apprécier quelqu’un : l’humanité.

Le don que tu rêverais d’avoir : pouvoir arrêter le temps. Disposer de l’éternité pour observer, contempler et comprendre les choses est quelque chose qui me plairait beaucoup. La fugacité de la vie me frustre, d’autant plus dans une société qui vit à 200 à l’heure et qui ne laisse plus beaucoup de place à la considération et à la nuance.

Ce que tu détestes par-dessus tout : les gourous.

Enfin si tu devais choisir une devise, ce serait : « La guerre, c’est la guerre des hommes ; la paix, c’est la guerre des idées. » de Victor Hugo. Très actuelle. Et je la tordrai en ajoutant que la guerre des idées mènera, malheureusement encore, à la guerre des hommes.

Pour finir et pour s’adresser directement à notre communauté, ensuite nous te laisserons aller te reposer avant ta prochaine expédition.

Quel conseil donnerais-tu à quelqu’un qui souhaite se lancer dans un projet de roman imaginaire ?

Déjà, posez-vous une simple question : est-ce que pour atteindre votre destination, vous êtes prêt.e à faire le voyage ? L’écriture d’un roman, c’est s’engager à minima sur des mois de travail. Si c’est juste pour sortir des idées de votre tête, envisagez la nouvelle. Un roman, c’est généralement 150 à 200 pages. Il faut donc un véritable engagement à nourrir le temps que vos futurs lecteurs vous accorderont. Avant même de penser à ce que vos lecteurs penseront de vous, décentrez-vous et pensez à vos lecteurs.

À partir du moment où vous avez gagné l’intime certitude de mener votre projet à bien, peu importe votre niveau : travaillez. Travail de recherche ; travail d’étude ; entretiens ; voyages ; travail préparatoire (cartes, bestiaires, cultures, personnages, règles, lexicologie). En choisissant l’imaginaire, vous devez créer un univers crédible et cohérent, où chaque chose a sa place. Géopolitique froide ou péripéties déjantées, le tout est qu’on puisse y croire. C’est vous qui créez votre paradigme. Vous devez fixer des règles à grande et à petite échelle, qui forment ensemble un tout qui fonctionne. Peu importe le scénario, votre lecteur ne doit jamais douter de votre univers. Une fois que vous avez tout cela : éclatez-vous, et surtout surprenez-vous !

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